Quel sera notre avenir ?
Saint-Augustin dans ses confessions disait :
«Si je ne peux encore le savoir, je sais cependant qu’en quelque lieu qu’ils soient, ils n’y sont ni futurs ni passés, mais présents. Car s'ils sont à venir, ils ne sont pas
encore ; s'ils sont passés, ils ne sont déjà plus. En quelque lieu donc qu'ils soient, quels qu'ils soient, ils n'y peuvent être que comme présent. Ainsi, lorsqu'on raconte
des événements passés qui ont vraiment eu lieu, la mémoire reproduit non pas ces événements qui ne sont plus, mais les mots qui expriment les images que les événements ont gravées dans notre esprit en
passant par les sens, comme des traces de leur passage. Mon enfance, par exemple, qui n'est déjà plus, est dans le passé, qui lui-même n'est plus ; mais son image, lorsque
j'évoque son souvenir et que j'en parle aux autres, c'est dans le présent que je la vois, parce qu'elle est encore dans ma mémoire.»
Bien ambitieux celui qui se hasarderait à l’instar des adeptes des arts divinatoires, d’anticiper ou de prédire l’avenir. Même s’il nous est permis de le rêver, de le souhaiter, de le pressentir, de s’en prémunir, ne sont-ce pas là, différents moyens de se rassurer quant à son inquiétante incertitude ?
Mais pourquoi sommes nous inquiets ou préoccupés par notre avenir?
Bouddha disait : « le temps est un grand maître, le malheur c’est qu’il tue ses élèves. Ne te perds pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentre ton esprit sur le moment présent. Chaque matin, nous renaissons à nouveau.»
Pour Paul Morand: « L’avenir n’est que la suite d’un dialogue entre le présent et le passé.»
Avant de formuler des choix pour dessiner et colorer notre avenir, il faut nous réconcilier avec les deux autres temps : le passé et le présent.
Ce passé qui a pu nous détruire, nous instruire et nous construire, demeure conservé dans les méandres du cerveau, celui-là même qui garde intactes nos souvenirs quoiqu’ils fussent et quoi qu’il en coûte.
N’est-ce pas là que se creuse le gouffre de l’injustice entre les hommes censés naître égaux les uns des autres? Certains vivront une enfance dorée alors que d’autres suffisamment résiliants se reconstruiront, et pour le reste de ces vies brisées entre psychoses et autres maux de vivre, les affres de l’existence laisseront leurs morsures.
Deux repères sont intangibles, la date de notre naissance et celle de notre mort. Entre ces deux points, notre mission est de créer la vie que l’on peut, peut-être même celle que l’on voudrait, À condition toutefois de savoir qui l’on est, ce que l’on veut et où l’on va...
Certains d’entre nous seront bien conseillés, bien épaulés et surtout bien aimés.
D’autres mettront du temps, longtemps pour atteindre un forme de sagesse, seuls.
Beaucoup se perdrons...
Sénèque nous enseignait qu’il fallait nous hâter de bien vivre et de songer que chaque jour est à lui seul une vie.
Vivre chaque jour comme si c’était le dernier ! Nous avons tous entendu cette maxime, bien inspiré celui qui l’applique au quotidien. La pleine conscience, nous apprend un peu à nous connecter à l’instant présent. À peine plus gros qu’un grain de sable, à peine le temps d’une seconde, et voilà que l’instant présent devient passé. Le grain suivant, la seconde qui succède, construisent ce temps qui passe, et ces minutes que l’on perd à se soucier d’hier, ces heures sacrifiées par crainte de l’avenir. Tout ce qui est perdu, ne reviendra pas.
« L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe.»
Gustave Flaubert
Tous ces poètes, tous ces penseurs, n’ont-ils pas éclairé nos chemins?
Sans la philosophie, comment supporter l’absurdité de la vie?
Peut-être tel Sisyphe puni par les dieux, nous œuvrions dans le seul but de nous racheter afin d’être récompensé à trépas!
Alors si tant ait que nous ayions réussi aux épreuves du passé, et que nous puissions apprécier le présent comme la somme de petits bonheurs, alors, nous tournant vers l’avenir, l’œil rieur, peut-être pourrions-nous dire : « je veux sourire, je vais danser, je veux offrir plus que l’on m’a donner, et tout cela sans attendre en retour autre chose que la joie d’aimer...»
Patrick Duveau